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L'IMPACT DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN SUR LE CONTEXTE GÉOPOLITIQUE

La question de la reconnaissance du génocide par la Turquie n’empoisonne pas seulement les relations turco-arméniennes. En effet, Ankara patiente depuis des décennies aux portes de l’Union Européenne.


Cette question arménienne est utilisée comme prétexte pour empêcher cette adhésion. De nombreux groupes politiques européens, essentiellement des partis conservateurs et chrétiens-démocrates font de cette reconnaissance une condition sine qua non en vue d’une adhésion à l’UE. Une exigence que la Turquie ne satisfera pas. 


En 1999, lors du feu vert européen accordé à la candidature turque, la question de la reconnaissance du génocide arménien ne se posait pas. En 2004, lors de l’officialisation de la candidature par la Commission et le Conseil européen, cette condition n’existait toujours pas. Enfin, elle ne figure pas dans les normes communautaires, qui fixent les réformes à mener par un pays en vue d’une adhésion à l’UE.

"Chaque année, quand le printemps s'éveille sur l'Ararat où a échoué l'Arche de Noé, les bergers viennent dès l'aube au bord du lac de Kup et jouent de la flûte, pour célébrer le Mont. Au coucher du soleil, un mystérieux oiseau blanc vient par trois fois toucher l'eau de son aile, et disparaît dans le ciel. Alors les bergers se retirent."

D'après la légende du Mont Ararat

La guerre du Haut-Karabagh en chiffres

Jean-Jacques Patry : docteur en sciences politiques

chargé de mission à la Fondation pour la recherche stratégique

©Vahé Ignatevossian

Sami Kilic : Journaliste à Zaman France (premier quotidien turc en Turquie, premier hebdomadaire franco-turc en France)

Gaïdz Minassian : Journaliste au Monde

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Le Haut-Karabagh :  un conflit gelé

Turquie - Union Européenne : une adhésion au point mort

Pour l’Arménie, le Haut-­Karabagh est une terre historique. Sous l’Antiquité déjà, cette région appartenait au royaume arménien. Au Moyen-­Age, deux princes arméniens se révoltent contre les Arabes et prennent le territoire. Cette lignée de princes, appelée "Khatchen", gouvernera jusqu’au XIXème siècle.


En 1805, l’Empire Russe prend le contrôle de la région et signe le traité de Golestan (12 octobre 1813). Suite à la révolution russe (1919), les représentants du Haut-Karabagh acceptent temporairement l’autorité azéri dans l’attente d’un règlement définitif... qui ne viendra jamais.



La guerre du Haut-Karabagh



Après la chute de l’Union Soviétique en 1991, le Haut-­Karabagh déclare son indépendance et son rattachement à l’Arménie. L’Azerbaïdjan entre en guerre. Malgré un manque d’effectifs, l’armée arménienne, plus expérimentée que son adversaire, l’emporte militairement et occupe le Haut‐Karabagh (13 % du territoire azéri).


Le bilan est lourd : 11 000 morts azéris, 6 000 arméniens. La dureté des combats entraîne une importante migration de population. On dénombre plus d’un million de réfugiés, installés dans des camps en Azerbaïdjan, Arménie et Iran.



Où en est la situation actuelle ?    



Aujourd’hui encore, la République du Haut‐Karabagh n’est reconnue par aucun pays de la communauté internationale. Des négociations ont lieu depuis vingt ans mais n’aboutissent pas. Le fossé religieux entre les deux communautés (les Azéris musulmans et les Arméniens chrétiens), la présence de réserves d’hydrocarbures très convoitées et surtout le rôle paternaliste de la Turquie envers son allié azéri empêchent toute résolution du conflit.

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Introduction

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Selon l’Ancien Testament, c’est ici que s’échoua l’arche de Noé après le déluge. Sommet mythique, haut lieu historique, au carrefour des civilisations entre Orient et Occident, le mont Ararat domine du haut de ses 5 165 mètres les grandes plaines de Turquie et d’Arménie. Il est pratiquement visible de toute la région du sud-ouest de l’Arménie. Le lien du peuple arménien avec le mont Ararat est plus qu’une histoire de géographie.


Les Arméniens voient dans leur pays, situé au pied de l’Ararat biblique, le lieu de naissance de la nouvelle humanité qui a peuplé la terre, après la grande catastrophe du Déluge. La zone montagneuse de la région de l'Ararat est passée successivement sous les influences ottomane, perse, russe et arménienne.


Après la débâcle turque lors de la Seconde Guerre mondiale et la signature du traité de Sèvres, Atatürk lance la reconquête des territoires. La montagne sacrée passe ainsi aux mains des Turcs. En 1923 est signé le traité de Lausanne (plus avantageux pour la Turquie) et fixe les frontières actuelles. Aujourd'hui, la zone est surveillé militairement par la Turquie. Les Arméniens ne peuvent y accéder.


Mais le Mont Ararat reste un symbole très fort de l'Arménie. Son effigie figure sur une grande majorité des bouteilles de vin et de cognac que produit le pays. La silhouette de la montagne sacrée apparaît souvent sur les peintures et sculptures arméniennes, religieuses ou non.



Mont Ararat : une terre sacrée

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Turquie - Arménie : Quelles relations ?

Une région sous tension




Le Moyen-Orient est plongé dans un chaos dont la communauté internationale ne voit aujourd’hui aucune issue. L’émergence de Daech en Syrie, puis en Irak, plonge de facto la Turquie, pays partageant une frontière de plus de 1000 km avec ses deux voisins du sud, dans une situation délicate. La Turquie est accusée, encore aujourd’hui de ne pas intervenir. Pire, elle laisserait les combattants étrangers traverser sa frontière librement, dans le but de rejoindre les rangs de Daesh.



Alliée traditionnelle de l’Arménie, la Russie de Vladimir Poutine entretient des relations particulières avec la Turquie. Les deux pays tiennent des positions opposées dans les crises qui secouent la région, notamment sur le sort de Bachar Al Assad, président syrien pour le moins contesté, à la tête de son pays. Mais dans les domaines économiques, la coopération ne cesse de s’accentuer.



En décembre dernier, la Russie a annulé la construction du gazoduc South Stream le reliant à la Turquie en raison des réticences de l’UE. Moscou a ensuite annoncé une deuxième version, le Turkish Stream. Prévu pour fin 2016, ce gazoduc sous-marin, devrait faire de la Turquie un pays de transit incontournable. Ankara trouve ainsi une alternative à l'Europe qui lui tourne le dos.




De son côté, l’Arménie n’a pas la même importance géostratégique que son voisin, en raison notamment de sa dépendance envers la Russie (les troupes russes patrouillent et protègent les frontières). Mais le pays compte néanmoins sur son importante diaspora pour défendre ses intérêts à l’étranger, attirer de nouveaux investisseurs, mais également sur le soutien des pays qui reconnaissent le génocide.


La guerre du Haut-Karabagh en chiffres

" Le mont Ararat est l'une des injustices pour laquelle se battent les Arméniens."

Salle de l'Assemblée générale des Nations unies à New York

Gaïdz Minassian : Journaliste au Monde

" Le Haut-Karabagh, une revanche sur l'histoire pour l'Arménie "

Carte interactive : Reconnaissance du génocide arménien

Passez sur les pays pour plus de détails

Gaïdz Minassian : Journaliste au Monde

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Et maintenant ? 

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© M.Ignatevossian