Le XXème siècle est le siècle de la violence de masse. Le terme génocide a été inventé par Rapael Lemkin, un professeur de droit américain d’origine juive polonaise, en 1944. Il signifie la volonté de destruction totale ou partielle d’une population.
L'Empire ottoman est un empire multinational centré sur la Turquie actuelle. En déclin depuis le XVIIIème siècle, l'empire perd l'essentiel de ses possessions européennes dans les Balkans après les guerres balkaniques de 1912 et de 1913. Au tournant du siècle, l'Empire Ottoman compte environ 36 millions d'habitants, dont 2 millions d'Arméniens, populations chrétiennes en pays musulman.
En 1914, lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, les Jeunes-Turcs (parti politique nationaliste revolutionnaire de l'Empire ottoman), humiliés par l'impérialisme communiste russe qui tente de protéger les minorités de l'Empire Ottoman, poussent le sultan à rallier les empires centraux (Allemagne et Autriche‐Hongrie). Les opérations militaires sont catastrophiques pour l'armée ottomane, qui bat en retraite et les exactions contre les populations civiles arméniennes
Le 7 avril 1915, à Van, dans l'est de la Turquie, est proclamé un gouvernement arménien autonome. Au même moment, les Alliés préparent l'opération des Dardanelles. Les Jeunes‐Turcs saisissent l'occasion pour mettre en œuvre leur projet de Turquie "racialement" homogène : ils décident l'élimination des Arméniens de l'Asie Mineure. Les populations arméniennes sont emmenées loin du front, accusées de collaborer avec l'ennemi russe. Le premier épisode d'une longue série.
La position française en faveur de l’Arménie fait que l’on entend beaucoup parler du génocide arménien dans l’Hexagone. Mais paradoxalement, les tenants et les aboutissants de ces massacres restent méconnus, tout comme les enjeux qui en résultent, aujourd'hui, sur la scène internationale.
Notre démarche, en tant que jeunes journalistes n’est pas de banaliser le sujet. Au contraire, nous avons voulu le traiter en donnant le même poids aux deux parties. 2015 est l’année du centenaire des premiers massacres. Cent ans sont passés depuis que deux peuples, qui vivaient ensembles, se sont séparés.
Aujourd’hui, ces deux pays, qui partagent une frontière commune, n’ont aucune relation diplomatique. Ces dernières années, quelques progrès ont été accomplis. Les présidents se sont rencontrés, des accords ont été signés mais les réticences dans les deux camps ont repris le dessus.
Au-delà d'une opposition régionale, les tensions entre l'Arménie et la Turquie dictent, encore aujourd'hui, la géopolitique à l'échelle mondiale. Comment un conflit centenaire parvient-il à influencer les relations internationales ? C'est la question de ce web-documentaire.
L'HÉRITAGE DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN
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100 ANS DE CONFLIT GÉOPOLITIQUE
"Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme “le premier génocide du XXe siècle”, a frappé votre peuple arménien."
Pape François
12.04.2015
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Contexte géopolitique
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Le pardon
Introduction
Et maintenant ?
"Nous souhaitons que les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances qui ont marqué le début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants."
Recep Tayyip Erdogan
Président turc
24.04.2014
1915 : la déportation de tout un peuple
© M.Ignatevossian
Source : Mémorial du génocide des Arméniens
Raymond Kévorkian et Yves Ternon
"Le premier génocide de l'histoire"
En avril 1915, l'arrestation des élites arméniennes d'Istanbul marque le début d'un long cycle de violence. Les opérations ont lieu de mai à juillet 1915, dans les sept provinces d'Anatolie orientale, puis à la fin de l'année, dans le reste du pays.
Dans tous les villages d'Anatolie, les démarches sont quasi identiques : perquisition dans les maisons, mise à l'écart des hommes. Les femmes, enfants et personnes âgées sont déportés, tandis que les hommes sont envoyés dans des camps de travail forcé. De nombreux convois sont décimés par des bandes kurdes envoyés par les Turcs. Dans le reste de l'Empire, une transportation en train ou à pied systématique est organisée : les déportés meurent à petit feu dans de véritables camps de concentration dans le désert de Mésopotamie, où la soif les achève.
Aujourd’hui, il n’y a aucune relation entre l’Arménie et la Turquie, deux pays pourtantvoisins. 2015 est une année importante car il s’agit du centenaire de ces massacres. L’aspect historique de ces événements ne fait plus débat, seul le refus de la Turquie de considérer ces massacres comme un génocide donne naissance à une polémique sur la scène mondiale. Nous avons choisi justement, de nous focaliser sur l’impact de ce conflit centenaire dans la géopolitique régionale et internationale. La Turquie, membre de l'OTAN, est un grand pays qui a un rôle primordial dans la résolution des nombreux conflits du Moyen-Orient. L’Arménie, alliée indéfectible de la Russie, compte sur une des diasporas la plus influente au monde pour préserver ses intérêts nationaux et sauvegarder la mémoire.
1915 - 2015
© M.Ignatevossian
